REPORTAGE -


- REPORTAGE
les parcours de vie des UPE2A

(actualisé le )

Pendant plusieurs semaines, notre équipe de journaliste des UPE2A a interrogé les élèves allophones nouvellement arrivés en UPE2A pour recueillir des témoignages, leurs ressentis.
Nous avons fait une enquête inédite auprès des élèves qui viennent de pays différents ; certains viennent du continent africain, d’autres du continent européen. Nous avons rencontré aussi des élèves venant d’Asie et même d’Amérique latine.
Ils nous ont raconté leurs parcours, parfois joyeux mais souvent douloureux et difficiles, parce que ce n’est pas forcement de leur propre volonté de faire un déplacement si brusque. S’installer dans un pays étranger est un vrai changement de vie.

Ce changement nous l’avons trouvé dans le niveau des règles sociales, la langue, l’environnement… Les enfants ressentaient de la tristesse, de la solitude mais surtout la peur. Pour la peur, nous avons noté la crainte des fautes, de ne pas bien faire, la crainte que les camarades se moquent et que les professeurs donnent de mauvaises notes.
Au tout début de l’enquête, les élèves ont eu des difficultés à ressortir leurs émotions, leur vécu, les épreuves auxquelles ils ont dû faire face. Dans l’UPE2A, les élèves allophones se sentent plus rassurés car tous ont la même expérience et le même niveau. Dans cette classe, il y a beaucoup de confiance, d’entraide, de camaraderie et surtout une grande solidarité.

 Parfois fils du père, parfois fils de la mère : C’est le demi-frère qui prend les rennes

P.N. est un jeune qui est arrivé en France il y a quelques semaines, il nous raconte comment il cherche sa place dans la vie et dans le collège. Son parcours n’est pas simple non plus :

« Je m’appelle P.N. je suis né au Congo, précisément à Brazzaville. J’ai grandi dans une famille de 5 enfants. Je suis le dernier.
J’ai été élevé par ma mère qui s’est occupée de moi toute seule depuis que je suis né.

Mon père nous a "quitté"

Mon père nous a « quitté  » en 2012 quand j’avais 10 ans. Pour moi, c’est comme s’il n’était plus en vie depuis longtemps car il ne s’occupait pas trop moi. Il ne s’occupait que de mes demi-frères et sœurs. Pour lui, je n’étais pas son fils. Mais j’ai eu son visage, je lui ressemble beaucoup. Il a fini par accepter, mais c’était trop tard.
Quand j’ai grandi, je n’ai pas gardé rancune envers lui parce que je comprends que c’était la jeunesse qui lui faisait ça.

Il y avait pas mal de voyous et des braqueurs

j’ai grandi dans un quartier reculé, pauvre, où il y avait pas mal de voyous et des braqueurs. Ma mère avait peur que je sois influencé dans mon éducation.
En 2012 mon demi-frère s’inquiète pour moi. Il a décidé de m’envoyer en France pour des vacances.

En arrivant en France je m’attendais à voir un pays extra. Bah ! Ce n’est pas le cas ! J’ai demandé à mon frère de rentrer au pays parce que ça ne m’a pas plu et ma mère me manquait trop.
Mon demi-frère nous aidait après la mort de notre père. Mais à un moment donné, sa mère ne voulait pas. Elle lui disait que nous sommes la source de la séparation de notre père et elle.

En début d’année mon demi-frère a décidé de m’envoyer définitivement en France.
En apprennent la nouvelle j’ai un peu boudé parce que je ne me voyais pas quitter ma famille mes amies, et surtout ma mère. Mais j’étais obligé parce que c’était le destin qui avait décidé et c’était pour mon bien.
En arrivant en France, j’ai vu ma tante à l’aéroport qui s’est mise en larme en me voyant, elle ma demandé comment allait la famille et les autres.

La ville n’était pas comme je l’imaginais

Je suis arrivée dans un pays qu’on prenait pour extraordinaire mais ce n’est pas le cas. La ville n’était pas comme je l’imaginais, je la voyais plus moderne. Nous au Congo on pensait que la vie en France était facile. Mais non, rien n’est facile.

Au collège, mes premiers jours n’étaient pas vraiment bien ; mais après, je me suis adapté facilement grâce à des amies qui sont devenues comme des sœurs et des frères et un professeur principal génial, madame BENSHALI, qui m’a aidé à m’intégrer. Je dois maintenant retrouver un nivaux scolaire parce qu’ici, ce n’est pas comme au Congo.

On m’a intégré dans une classe normale. Je ne comprends pas tous les cours, mais je vais essayer de réussir.  »

Voir en ligne : Qu’est-ce-que l’UPE2A ?

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